2016-11-28

Liberté, Égalité, Fraternité, redéfinissons nos valeurs

Une civilisation se définit d’abord par ses valeurs. La devise de la France en contient trois. Tout au long de ma vie, elles m’ont inspiré mais aussi questionné.
Je vais tenter de synthétiser ici, ce qu’elles représentent pour moi, aujourd’hui en 2016.

Liberté

La liberté n’est pas l’anarchie. Elle est essentiellement la conscience partagée des opportunités qu’offre un cadre apaisé car régulé. Son domaine d’action est illimité par définition mais sa pratique se limite à celle des autres.
En tout cas, la liberté ce n’est pas celle d’aliéner des êtres vivants, pour aucune raison. Ce n’est pas celle du puissant sur le faible, du savant sur l’ignorant, ni même celle de l’apte sur le débile. Ce n’est la liberté d’avoir, et d’accumuler sans partager.
Non, c’est la liberté d’imaginer, de rêver, de contempler, de créer, d’apprécier, voire de savourer. C’est aussi la liberté d’entreprendre bien sûr, mais sans arnaquer ni abuser. C’est surtout la liberté de penser et de croire sans aucune limite, même si son expression doit être régulée car elle entraîne des responsabilités.
Ainsi de nombreuses responsabilités naissent de la liberté, la première d’entre elles étant de la défendre. C’est un équilibre précaire car le vent tourne avec le temps qui passe.
Si l’on peut lui donner une valeur grâce à des critères objectifs, c’est avant tout un sentiment.


Égalité

C’est une égalité morale, éthique, philosophique et non pas une distribution de parts égales. Il faut l’entendre comme de l’équité, une égalité des chances et non des traitements. L’égalité ne vaut que si elle est juste, et donc si elle est individualisé. L’égalité n’est pas pour tout le monde, mais pour chacun.
Là encore plus qu’avec la liberté, des critères de mesure s’appliquent à l’égalité, mais seul le sentiment compte. Et pire, si ce sentiment n’est pas porté par un raisonnement juste, son opposé créé les pires atrocités.
Être égal, c’est n’est pas être identique, ni équivalent, ni pareil ; bien au contraire. C’est reconnaître l’éclat d’intelligence et d’amour dans le regard, le geste ou la parole de l’autre. C’est donner la même attention, le même respect et les mêmes opportunités à chaque individu. L’égalité, c’est quand tout le monde a le sentiment d’être humain au même titre de son voisin, sans jalousie ni envie.
Car il faut bien être conscient que si l’égalité existe en mathématique, c’est une utopie dans la réalité. Même dans un champ d’un million de plans de blé, pas deux auront exactement la même taille, le même poids ou le même goût. Ainsi est la nature, que l’homme civilisé cherche à corriger. Mais la nature de l’homme est parfois excessive.

Fraternité

C’est la valeur la plus simple, évidente, que tout le monde connaît, de près ou de loin. C’est l’amour fraternelle étendu à tous. D’autres l’appellent compassion, obole ou encore sympathie. C’est la solidarité, au delà des peines, des souffrances ou des différences. Une notion si facile à oublier, qui demande un effort constant et une vrai ouverture d’esprit. Elle exprime le meilleur en chacun de nous, elle mène et est portée par l’amour et l’amitié. Elle nous permet de nommer cette libre propension à aller vers l’autre comme son égal. Elle décrit le bon côté d’une humanité qui démontre toujours son unité, dans le mal comme dans le bien. La fraternité n’a pas de limite, de l’association de voisinage à l’ONG, du club de foot à la coopérative agricole ; le but commun, quel qu’il soit, transcende les fausses différences. Quand on se connaît, on se soutient et on s’entraide, car on n’a pas peur de qui l’on connaît. La fraternité, c’est quand on reconnaît l’autre, quel qu’il soit ; non pas comme un égal, mais comme quelqu’un que l’on aide aujourd’hui pour qu’il nous aide demain.

Justice

Les trois valeurs précédentes deviennent très abstraites si trois autres ne sont pas préexistantes : la paix, la prospérité et surtout la justice. Liberté, égalité, fraternité portent toutes en elles cette promesse de justice. Et tout comme elles, c’est un sentiment qui ne souffre aucune sentence. On peut la codifier, la proclamer ou la rendre, la justice change du tout au tout suivant le point de vue.
C’est la clé de voûte de toute civilisation. Un groupe d’humain se reconnaît comme tel car tous ces membres s’accordent à respecter des règles de base de vie en commun, la loi.
Aujourd’hui, l’usage de la loi est complètement dévoyée. La classe politique s’en sert d’excuse pour ne rien faire en promulguant des lois inapplicables ou sans contrôle sur des détails qui gênent les petits et dont se moquent les puissants. Alors que les prisons débordent et que les tribunaux sont engorgés, le rappel à la loi par des personnes qui ne la respectent pas n’a aucune valeur. Seul le pouvoir juste croît et perdure à long terme.
Là encore, puisqu’il s’agit d’un sentiment partagé, la transparence totale de l'information de tous est due, absolument, à tous les niveaux.